Les liens et interactions de rythme entre la musique et l’image

Bill Viola est un des principal protagoniste de l’art vidéo. Il traite l’image comme une partition musicale. Image et son ont une importance égale dans son œuvre.

Toutefois, la musique a bien un sens, diffus peut-être mais indéniable: une force imageante qui provoque des associations verbales. Des directions d'interprétation arrivent à notre conscience sous forme d'impressions vagues et fluctuantes, par exemple, « c'est triste », « c'est gai ». Dans un film, la musique arrive avec sa polysémie et trouve un ancrage dans la force représentative des images. Au cours des siècles des codes se sont établis par lesquels des axes de signification ont été attribués à divers types de musique, par conventions, par consensus.

L'expérience atteste l'influence bien réelle de la musique sur la perception de l'image. Le cinéma utilisait la musique pour situer un décor, une ambiance. C'est « l'esthétique de la décalcomanie » soit à scène gaie, musique gaie; à scène triste, musique triste. Dans la vidéo, les images situent et donnent l'ambiance, fumée, par exemple. Le cinéma utilise la musique pour renforcer la teneur agressive d'une action en cours. Dans la vidéo, les images renforcent par exemple un solo de batterie.

Ainsi, quels sont les jeux formels possibles entre la musique et l'image ?

Juxtaposition: les deux structures existent indépendamment, on les superpose, c'est assez rare dans les clips.

Interférence de structures le SYNCHRONISME, la dynamique de la musique est le principe générateur des images de deux façons :

• coordination entre la rythmique musicale et les changements de plans = montage. La caméra est guidée par les impulsions musicales.
• coordination entre les mouvements musicaux et les mouvements d'acteurs ou d'objets, qui est une exploitation exacerbée. Le réalisateur propose ses péripéties au musicien, celui-ci élabore une partition, le scénario définitif est ensuite adapté à la partition.

Dans le clip, l'élément sonore est encore plus directeur puisqu'il est à la base, quoiqu'une tendance actuelle conduit au remixage de la bande musicale en fonction des images. Le clip réalise donc une inversion radicale du rapport image/son par rapport au cinéma classique.